2.2/ L'évolution sur le plan politique

 

 

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Conclusion 

 

 

Cette photographie représente une manifestation féministe pour l’obtention du droit de vote des femmes

 

  Nous l’avons expliqué, les femmes sont éprises de droits et de libertés et elles sont prêtes à les revendiquer. C’est d’ailleurs ce qui va se passer. Déjà en 1917 elles avaient fait grève pendant deux semaines pour obtenir un deuxième jour de repos dans la semaine, et des contrats de travails, ce qu’elles obtiennent. Après la guerre, les mouvements féministes deviennent de plus en plus importants et des féministes deviennent célèbres, comme Maria Vérone,

 Ces mouvements féministes mènent plusieurs combats, notamment celui de l’obtention du droit de vote. Ils avaient déjà essayé de l’obtenir en Juillet 1914 et s’étaient même vu accorder par la Chambre des Députés la promesse de l’accession des femmes aux bureaux de vote, mais la Première Guerre Mondiale a démis cette question des préoccupation des hommes politiques. Puis le 20 Mai 1919, la Chambre des Députés vote par 329 voix contre 95 une loi accordant aux femmes âgées de plus de 30 ans le droit de vote aux élections locales. Cette loi, bien que très modérée, aurait pu marqué une révolution dans les mentalités. Mais le texte ne sera jamais ratifié par le Sénat. En 1922, Maurice Barrès propose une loi accordant le droit de vote aux veuves pour remplacer les voix des maris morts. Ici encore, elle sera refusée, cette fois ci par la Chambre des Députés. C’est un grand échec pour les féministes d’autant plus que partout dans le monde, le droit de vote commence à être accordé aux femmes : en Nouvelle Zélande (1893), en Finlande (1906), au Danemark (1908), en Allemagne (1918), en Grande Bretagne, mais uniquement pour les femmes de plus de 30 ans, Tchécoslovaquie, Suède, Autriche, Pays-Bas, Luxembourg, Russie et en Belgique (1919) et dans une quinzaine d’états des Etats-Unis.

 Finalement, les femmes obtiendront le doit de vote…en 1944. Mais les féministes ont quand même réussi à obtenir une certaine émancipation : en 1920, elles arrivent à avoir le droit d’adhérer à un syndicat sans l’autorisation de leur mari et on voit arriver dans les universités les premières étudiantes, par exemple, en 1924, les programmes deviennent les même pour les filles que pour les garçons. Mais cette émancipation n’est que très relative d’autant plus que par ailleurs en une loi considérant l’avortement comme un crime est votée, ce qui est un retour en arrière selon les féministes.

 L’élan d’émancipation d’après guerre, déjà fortement freiné par les hommes politiques, sera totalement brisé par la crise de 1929 qui marquera la fin des années folles, période de toutes les tentatives féministes d’émancipations.

 

"Savoir trébuche Ignorance"

 Timbre édité en 1925 par le « Comité d'éducation féminine de la Société de prophylaxie sanitaire et morale ». Le savoir en question concerne les maladies vénériennes, encore mal soignées ; c'est pourquoi les féministes demandent et organisent elles-mêmes la prévention par l'information des jeunes filles et des femmes. Elles se heurtent aux tabous qui touchent la sexualité.


 

« Il faut être de son temps. »

 

 Dans ce dessin humoristique, Claire de Villeneuve associe le féminisme à la modernité. Contre la tradition, représentée par la paysanne en coiffe, s'exténuant dans ses travaux domestiques, s'affirme une femme moderne libérée des préjugés sur la " nature féminine ".

 


Affiche du Congrès international pour le Suffrage des femmes, Budapest, 1913.

 

 

 Le 1er juillet 1928, la Ligue française du droit des femmes manifeste pour le droit de vote, devant les grilles du jardin du Luxembourg, à deux pas du Sénat. Quelques minutes plus tard, ces manifestantes pourtant pacifiques seront emmenées au poste de police voisin. Ci dessus avec une robe fleurie : Maria Vérone.



1900

Loi Millerand sur la durée du travail (journée de 10 heures pour les femmes et les enfants). Ouverture aux femmes de l'École des beaux-arts. Loi autorisant les femmes à devenir avocates Congrès international des droits des femmes à Paris.

1901

Première proposition de loi sur le vote des femmes, limité à celles n’ayant pas de mari pour les représenter.

Création du Conseil national des femmes françaises (CNFF) qui veut fédérer les associations féminines et féministes. Il réunit les philanthropes et les féministes modérées et réformistes et représente la France au Conseil international des femmes.

1903

Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique pour la découverte de la radioactivité.

1906

Marie Curie, professeur à la Sorbonne.

Proposition de loi sur le vote municipal des femmes.

Jane Misme fonde l’hebdomadaire La Française.

1907

Les femmes obtiennent le droit de vote aux conseils des prud’hommes (droit d’éligibilité en 1908).

La loi du 13 juin autorise les femmes mariées à disposer librement de leur salaire.

1909

Fondation de l'Union française pour le suffrage des femmes.

Congé maternité de 8 semaines

1910

Candidatures féministes aux élections législatives (Marguerite Durand, Hubertine Auclert, Madeleine Pelletier, Caroline Kauffmann, Élisabeth Renaud, Arria Ly).

En avril, la commission parlementaire émet un avis favorable sur le droit de vote des femmes.

1911

Marie Curie prix Nobel de Chimie.

1913

Coco Chanel ouvre sa première boutique à Deauville

Marie-Charlotte Denizard annonce sa candidature à la présidence de la République.

1914

Un " vote blanc " organisé par Le Journal recueille 500 000 réponses favorables au vote des femmes.

Le 5 juillet, manifestation suffragiste vers la statue de Condorcet à Paris organisé par Séverine.

Maria Vérone obtient de la Chambre des députés la promesse de l’approbation du suffrage féminin, mais la guerre fait oublier cette promesse

Proposition du député Barrès pour le " suffrage des morts " (droits politiques pour les veuves et mères de soldats tués à la guerre).

Droit de vote et d’éligibilité des femmes à l’Office du travail.

Marcelle Capy, Une voix de femme dans la mêlée.

Grèves féminines dans la couture.

1918

En janvier, Jeanne Mélin fonde le Comité d’action suffragiste.

Le 18 octobre, le rapporteur Flandin présente des conclusions restreignant le droit de vote à certaines élections et seulement pour les femmes de plus de 30 ans.

Le 9 novembre, le Sénat nomme une commission examinant la question du vote des femmes.

À la Chambre des députés se constitue un Groupe des droits de la femme, présidé par Jules Siegfried.

1919

Georges Clemenceau, après Raymond Poincaré, reçoit une délégation suffragiste le 16 février.

En mai, la Chambre des députés débat pour la première fois sur le vote des femmes.

Le 15 juillet, déclaration du pape Benoît XV en faveur du droit de vote des femmes.

Loi sur la journée de huit heures.

1920

Les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans autorisation maritale.

Le 23 juillet, la loi condamnant la propagande anticonceptionnelle et punissant plus sévèrement l'avortement, crime passible de la cour d'assises, est votée

Le 3 décembre, Poincaré se dit favorable au suffrage des femmes.

1922

Le 12 juillet, parution du roman de Victor Margueritte, La Garçonne. Succès de scandale.

Le Sénat rejette le droit de vote des femmes. À la Chambre, proposition de faire voter les veuves de guerre.

L'importation d'articles anticonceptionnels est interdite.

1924

Unification des programmes pour les filles et les garçons ; les baccalauréats sont identiques.

Constitution d’un groupe des droits de la femme au Sénat.

1925

Création de l’École polytechnique féminine.

Tour de France suffragiste de Marthe Bray. Des candidates communistes aux élections municipales sont élues. La Chambre des députés adopte le suffrage municipal par 390 voix contre 183.

1926

Chanel lance sa " petite robe noire ".

1927

Protestation féministe contre le projet Paul-Boncour de mobilisation des femmes en cas de guerre.

La loi permet désormais à une Française mariée à un étranger de conserver sa nationalité.

Décret sur l'égalité des salaires pour les employés des PTT, de la Caisse des dépôts et de consignations et pour les professeurs du secondaire.

En décembre, procès d’Henriette Alquier, après la publication de " la maternité, fonction sociale ", dans L’École émancipée.L’institutrice est acquittée.

1928

Des femmes participent pour la première fois aux Jeux Olympiques (Amsterdam)

Tout au long de l’année, des féministes manifestent dans ou devant le Sénat. Certaines sont arrêtées, puis relâchées.


 

Quelques Féministes

 

Ghénia Avril de Sainte-Croix (1855-1939)

 

Mme Avril de Sainte-Croix, veuve d’un magistrat et femme de lettres discrète, découvrit le féminisme grâce à une correspondance avec Joséphine Butler qui l’encouragea en 1896 à lutter contre la prostitution. Elle fut reconnue par les pouvoirs publics au niveau national et au sein de la Société des Nations et du Bureau international du Travail comme une experte dans le domaine de la prostitution, de la traite des blanches et de la prophylaxie des maladies vénériennes. Elle organisa des asiles et des foyers pour les jeunes filles et les femmes en difficultés et n’hésitait pas à ouvrir sa porte à celles qui étaient dans le besoin. Son activité fut reconnue par la grande médaille d’or de l’Assistance publique et de l’Hygiène et par le grade de Commandeur de la Légion d’Honneur.

 

Marguerite Durand (1864-1936)

 

 Avant sa " conversion " au féminisme, en 1896, Marguerite Durand connut une vie mondaine : comédienne, mariée à l’avocat et député Georges Laguerre, elle fréquentait le milieu de la presse et les cercles boulangistes. Après son divorce, elle créa en 1897 le quotidien féministe La Fronde, une entreprise de femmes (de la rédaction à la fabrication en passant par la vente), qui, pendant ses cinq années d’existence, contribua grandement à placer le féminisme au cœur des débats de société à la Belle Époque. Personnalité indépendante, Marguerite Durand continua à soutenir les luttes des femmes et s’intéressa particulièrement à leur passé et à leur mémoire : elle réunit une vaste documentation (archives et ouvrages) qu’elle sut pérenniser en obtenant de la Ville de Paris la création de la bibliothèque qui porte son nom. Logée lors de sa création dans la mairie du Ve arrondissement, face au Panthéon, la bibliothèque Marguerite Durand est installée désormais dans le XIIIe arrondissement, 79 rue Nationale.

 

Jane Misme (1865-1935)

 Jane Misme, d’origine modeste, mena parallèlement à sa carrière de journaliste et de femme de lettres, diverses activités féministes. Elle devint secrétaire en 1896 de l’Avant-Courrière, créa en 1906 l’hebdomadaire La Française dont elle s’occupa pendant de longues années.

 

MariaVérone (1874-1938)

 

 Issue d'un milieu modeste et libre-penseur, Maria Vérone entra dans la vie active et militante très jeune. Elle défendit la laïcité dans ses conférences, collabora à La Fronde et adhéra à la Ligue française pour le droit des femmes (LFDF) en 1900. Elle reprit ensuite des études, passa le baccalauréat et devint avocate en 1907. Elle se remaria en 1908 avec l'avocat Georges Lhermitte, lui aussi militant à la LFDF qu'il présida à la mort de son épouse. Sa carrière d'avocate (et son rôle dans la création des tribunaux pour enfants) fut un modèle pour les féministes. Elle mit sur pied l'Union nationale et internationale des avocates. Mais pour l'essentiel, elle se consacra à l'émancipation politique et civile des femmes. Secrétaire générale (1904) puis présidente de la LFDF (1919-1938), elle employait des méthodes énergiques et participa aux manifestations devant le Sénat, interdites par les autorités. Elle inspira le travail qui aboutit en 1927 à la réforme de la nationalité de la femme mariée (qui obtint alors le droit de garder sa propre nationalité). Plus radicale que les militantes de l'Union Française pour le Suffrage des Femmes (UFSF), Maria Vérone fut décorée tardivement (1936) de la Légion d'honneur.

 

Germaine Malaterre-Sellier (1889-1967)

 

 D'abord active dans des oeuvres sociales (patronages, logements ouvriers, cercles d'études, dispensaires et ouvroirs), Germaine Sellier, infirmière major de l'Association des Dames de France, devint une héroïne de la Grande guerre : elle reçut en 1915 la croix de guerre avec palmes pour avoir continué à soigner les blessés sous les bombardements de Soissons, malgré ses propres blessures. Après la guerre, cette catholique progressiste proche de Marc Sangnier se rallia à la cause de la paix. Elle fut vice-présidente de l'union féminine pour la SDN et de la Ligue internationale du désarmement moral par les femmes, et présida la section Paix du Conseil National des Femmes Françaises. A la fin des années trente, elle s'investit dans le Rassemblement universel pour la paix, présida la commission paix du Conseil international des femmes. Mais elle ne défendit pas un pacifisme inconditionnel : en 1938, elle organisa une Conférence féminine internationale pour la défense des démocraties. Suffragiste, elle fut aussi secrétaire générale puis vice-présidente de l'UFSF. A la Libération, elle présida la Ligue des femmes électrices.

 

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